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Comment parler pour ne rien dire ?

Photo du rédacteur: Wow Com SebO!Wow Com SebO!

De nos jours, l'efficacité et la concision sont érigées en principes absolus, il est temps de réhabiliter un art souvent méprisé : parler pour ne rien dire. Trop souvent décrié, ce mode d’expression joue pourtant un rôle clé dans la communication moderne. Il est un outil puissant pour meubler les silences, asseoir son autorité et naviguer habilement dans un monde où le contenu prime parfois moins que la forme.


Comment parler pour ne rien dire ?

Maintenir une présence verbale : le vide comme stratégie d’occupation

Le silence est un espace dangereux. Il invite à la réflexion, au doute, parfois même à la remise en question. En remplissant ces vides par un flot de paroles ininterrompu, on contrôle l’attention et on impose sa présence.

Exemple : En réunion, celui qui parle le plus est souvent perçu comme le plus compétent, même si son discours ne contient aucune information pertinente. Il marque le territoire discursif et empêche les autres de prendre la parole.


Gagner du temps quand on n’a pas de réponse

Face à une question délicate, parler pour ne rien dire est une technique imparable. En multipliant les reformulations, en introduisant des considérations annexes, on donne l’illusion de répondre, sans jamais rien dire de concret.

Exemple : Un politique interrogé sur un sujet sensible évitera une réponse directe en multipliant les circonvolutions : « Votre question soulève un point crucial qui mérite d’être étudié sous différents angles. Il est évident que nous devons engager une réflexion approfondie sur ce sujet afin d’apporter une réponse adaptée aux attentes légitimes de nos concitoyens. »

Résultat : l’interview touche à sa fin, et aucune réponse claire n’a été donnée.


Jean Amadou expliquant comment les politiciens parlent pour ne rien dire.

Créer une illusion de maîtrise et d’expertise

L’information brute peut être comprise par tout le monde. Mais en l’enrobant de formules vagues et complexes, on instaure une barrière qui sépare les « sachants » des autres. Un discours alambiqué donne une impression d’intelligence et d’expertise, même quand il ne repose sur rien.

Exemple : Un consultant qui enchaîne des phrases comme « Nous devons réinventer nos paradigmes organisationnels dans une dynamique d’optimisation structurelle » impressionnera davantage que celui qui dira simplement « Il faut mieux organiser l’entreprise ».


Parler pour flatter l’ego et asseoir son autorité

Parler longuement, sans jamais s’arrêter, donne l’impression d’être une figure centrale du débat. Plus on parle, plus on capte l’attention. L’entourage se retrouve dans une position d’écoute passive, incapable de s’imposer.

Exemple : Dans un groupe de travail, une personne qui monopolise la parole sans contenu clair empêche les autres d’intervenir. Elle devient, par ce simple fait, le référent du groupe.


Le professeur Rollin a toujours quelque chose à dire.

Éviter le malaise des silences inconfortables

Les silences sont gênants. Ils mettent en lumière l’absence d’idées ou d’échanges. Parler pour ne rien dire permet de masquer ces moments de flottement et d’éviter les tensions.

Exemple : Lors d’un dîner d’affaires, un silence prolongé peut être interprété comme un malaise. En enchaînant sur des sujets anodins mais inoffensifs, on assure une atmosphère détendue, même si le contenu est insignifiant.


Manipuler l’auditoire par l’épuisement cognitif

Un discours trop dense oblige l’auditoire à un effort constant de compréhension. Résultat : les interlocuteurs finissent par accepter ce qui est dit, non par adhésion, mais par fatigue intellectuelle.

Exemple : Lors d’un débat, un intervenant qui parle longtemps, sans pause, finit par assommer son contradicteur, qui n’a plus l’énergie d’opposer une réponse construite.


Monsieur Fraize : l'art de ne pas parler, pour ne rien dire !

Remplir du temps quand on n’a rien à dire

Dans certaines situations, il est impératif de parler, même en l’absence d’informations. Un animateur, un conférencier, un responsable en réunion ne peuvent pas simplement se taire sous prétexte qu’ils n’ont rien à dire.

Exemple : Un présentateur télé en direct doit meubler en cas d’imprévu. Son rôle est de parler pour maintenir l’attention, même si ses paroles n’ont aucune importance réelle.


Valoriser la forme au détriment du fond

Parfois, la manière dont quelque chose est dit importe plus que son contenu. Une voix posée, un ton assuré et des phrases bien construites suffisent à captiver un auditoire, même en l’absence de message précis.

Exemple : Certains orateurs, par leur simple prestance, captivent une salle sans délivrer d’informations majeures. Leur talent réside dans la forme, non dans le fond.


Je ne sais pas si finalement cet article avait un autre intérêt que de rire un peu avec l'art de broder. 😉 Je reprends d'ailleurs cette citation de Desproges : "Il vaut mieux se taire et passer pour un con plutôt que de parler et ne laisser aucun doute sur le sujet"

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